mardi 19 juin 2012

Et puis, j'ai coupé les ponts

Le décès de ma grand-mère. Ma mamie à moi. Je ne m'en suis jamais remise. Encore aujourd'hui, c'est avec douleur que j'écris ces mots. Une période déchirante et difficile à endurer que j'effacerai bien si je le pouvais. Il est clair qu'elle sera toujours là, dans mon coeur et bien plus encore. Mais au delà d'avoir perdu ma mamie, j'ai perdue ma famille.



A son départ, tout à changé du jour au lendemain. Ma famille n'était plus la même. 
Il faut savoir que ma mamie a mis au monde pas moins de quatorze enfants. Enfants qui se demandaient au final uniquement qui allait empocher le pactole, qui aurait la maison, qui aurait le plus d'argent. Il y avait encore mon grand père bien sur. Grand père qui s'est mis à tout flamber, se disant enfin libre de dépasser son argent. Mais ça n'était pas SON argent, c'était celui de ma grand mère dont elle n'a pas profité pour tout léguer à ses enfants. Alors c'était à celui qui lècherait le plus les bottes du grand père pour avoir un petit quelque chose.

Je regardais cette guerre stupide avec un œil déconcertant. Et je pensais à ma mère. Ma mère qui était simplement effondrée d'avoir perdue sa maman. Elle qui l'avait toujours accompagnée à l’hôpital pour sa chimio. Elle qui lui a donné son dernière repas avant qu'elle ne soit sous perfusion. Elle qui a été la dernière à la voir avant l'inévitable. Elle était sa confidente, toujours à ses côtés pour la soutenir là où mon grand père l'avait toujours traité comme une merde. Elle était effondrée et écœurée face aux atrocités que sa famille était en train de faire sous son nez.

Alors un jour, j'ai peut-être dit que ma mamie me manquait. J'ai peut-être dit qu'ils n'en n'avaient qu'après son argent. C'est à ce moment que tout à basculé. C'est à ce moment que cette famille ingrate a été rapporter mes paroles au grand père. Et puis, quel genre de grand père faut-il être pour insulter sa petite fille de salope? Petite fille qui avait passé son enfance à rendre visite à ses grands parents. Petite fille qui avait toujours été auprès de sa mamie.

C'était les mots de trop. J'ai coupé les ponts avec ce connard. Avec ces abrutis qu'on appelle famille. Ca ne m'a pas épargné des pleurs, de l'incompréhension face à cette injustice, la dureté de ces mots. Je garde cette blessure en moi. Cette blessure qui n'a toujours pas cicatricé. Cette blessure qui m'a permit d'avancer mais aussi de douter encore plus des gens et de leurs intentions.

Une belle et grande famille vous dites?


« Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrivent pas à communiquer, 
mais s'interrompent très bruyamment, s'exaspèrent mutuellement, comparent 
les diplômes de leurs enfants comme la décoration de leurs maisons, 
et se déchirent l'héritage de parents dont le cadavre est encore tiède. »
Frédéric Beigbeder, Un Roman Français


Cordialement
L'Anonyme d'un autre temps

10 commentaires:

  1. Comme on dit .. une famille heureuse est une famille qui n'a pas connu d'héritage :/

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  2. Bonjour, 
    On voulait juste vous faire part de la naissance de Blookup, site dédié aux blogueurs. 
Vous pouvez désormais créer le livre de votre blog.
    En espérant vous retrouver pour l'expérience Blookup !

    A bientôt

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  3. C'est dingue ce que l'argent peut faire faire aux gens...

    Et ce sont souvent les moins méritants qui pensent avoir plus de droit que les autres sur les parts d'héritage en plus, je connais aussi dans ma famille...

    Bon courage!

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    1. Eh oui, l'argent rend les gens fous ça c'est définitif..

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  4. Ma pauvre ce n'est pas évident et ça n'a pas du être une décision facile... Mais personnellement je pense que tu as eu raison même si je ne te connais pas personnellement :) Bonne soirée!

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    1. Oui comme tu dis, je penses avoir raison d'avoir pris cette décision, ça ne met que bénéfique

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  5. Ton article est très touchant. Ta citation de conclusion est magnifique, j'y retrouve une belle tranche de ma propre famille.
    Le genre de blessure que tu as ne cicatrises jamais vraiment totalement. cependant, une blessure unique t'handicapera assurément moins que la multitude de blessures que tu aurais eues si tu n'avais pas coupé les ponts. ;-)

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    1. Oui tu as bien raison! Je trouve cette citation de beigbeder on ne peut plus réaliste (malheureusement)

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  6. Ton article est très touchant. Ta citation de conclusion est magnifique, j'y retrouve une belle tranche de ma propre famille.
    Le genre de blessure que tu as ne cicatrises jamais vraiment totalement. cependant, une blessure unique t'handicapera assurément moins que la multitude de blessures que tu aurais eues si tu n'avais pas coupé les ponts. ;-)

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